L'église

Étant donné le nombre important de fidèles, il y avait désordre pendant les offices. Pour aller communier, les femmes devaient sortir dehors, traverser une partie du cimetière qui entourait l 'église, traverser la chapelle uniquement réservée aux hommes, et avaient le mène trajet à faire au retour. Cette situation ne pouvant plus durer, le curé prit alors la décision de faire quelque chose concernant son Église.

Il consulta ses paroissiens, et en fin de compte. le Curé arriva à faire un compromis entre toutes les propositions et il fut décidé que l'Église se reconstruirait à l'emplacement de l'ancienne. Il demanda qu'il y ait cinq croisées au choeur avec des colonnettes donnant une impression de support et un effet gracieux.

En accord avec le Préfet et le maire. il annonça un certain dimanche que le lendemain les travaux de fondation commenceraient.

Le lundi donc, un grand nombre de personnes se présentaient pour creuser les fondations et amener les pierres qu'ils avaient faites extraire l'hiver précédent. Les fours à chaux avaient été aussi aménagés, si bien qu'en fin de semaine les fondations du choeur et du transept avaient été creusées et remplies de maçonnerie.

La première pierre fut posée en présence d'une foule considérable en avril 1851 et le 24 juin des volontaires équipés d'échelles grimpaient sur le toit de la vieille Église dont certaines parties dataient du X ème siècle, et en moins de deux heures les tuiles étaient à terre, d'autres volontaires armés de pics et de barres à mines s'attaquaient aux murs avec une peine inouïe tant la solidité était parfaite.

Un carrier d'Ouroux devait fournir toutes les pierres de taille, mais ne pouvant les fournir avec la même rapidité qu'elles étaient employées, le curé dû s'adresser à d'autres carriers, c'est ainsi qu'il en fit venir de St Maurice, de Vareilles et de carrières de St Symphorien des bois. C'est la cause de la variété et de la couleur différente des pierres que l'on voit dans l'Église. La pierre de St Symphorien ne craignant pas la gelée put être extraite et voiturée pendant l'hiver.

La conduite des gens de Gibles était admirable. Chaque dimanche, étaient nommés à tour de rôle, les bouviers et manoeuvres nécessaires pour chaque jour de la semaine et tous répondaient à l'invitation avec zèle. Outre les hommes, presque chaque jour, des femmes, des filles et même des enfants approchaient des pierres au pied des échafaudages dans un élan indicible.

Les murs, le couvert, les voûtes, le clocher et une partie même des sculptures furent achevés en 1852.

Deux accidents arrivèrent pendant la construction. Le premier fut le bris d'un échafaudage posé sur les murs des nefs et énormément chargé de pierres destinées à élever la tour du clocher, les bois fléchirent puis se brisèrent, la secousse ébranla les murs et provoqua quelques lézardes. Le deuxième fut la mort d'un ouvrier charpentier, il tomba d'un échafaudage situé dans la cour et décéda 24 heures plus tard, ce fut heureusement le seul accident mortel.

La flèche du clocher est celle de l'ancienne Église, qu'il a fallu modifier pour lui donner une largeur suffisante correspondant à celle de la tour, plus large que l'ancienne.

La Consécration eut lieu le lundi 29 mai 1854 par l'Évêque d'Autun accompagné de 48 prêtres, 120 filles vêtues de blanc, 36 chantres, 412 personnes de Gibles préparées pour la confirmation qui devait avoir lieu le soir, le Conseil municipal au complet, le Conseil de Fabrique et 20 enfants de choeur. Toutes les places et bords des routes étaient couverts d'habitants de Gibles et étrangers.

La tache avait été rude, chacun avait eu à coeur de participer selon ses possibilités à cette construction. Que l'on imagine un peu ces convois avec des chars tirés par des chevaux, des boeufs ou des vaches pour amener avec lenteur mais sans relâche les énormes blocs de pierre de St Maurice, St Symphorien et d'ailleurs.

Toutes les colonnes avec leurs pierres sculptées. les différents autels, la chaire et les boiseries du choeur effectués par Antoine Labrosse de Gibles, sont un véritable chef d'oeuvre. La belle pierre du linteau de la porte d'entrée principale représentant Saint Martin est taillée en relief dans la masse.

D'après un texte de Joseph Bosland

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